ATTENDRE DEUX BÉBÉS

24ème semaine de grossesse

La première question que l'on me pose lorsque mon interlocuteur apprend que j'attends deux bébés et non un seul c'est : "et vous en avez dans la famille ?", suite à ma réponse négative la deuxième question qui vient c'est : "et c'est une conception naturelle ?" ... Oui c'est une conception naturelle, même qu'elle a été très rapide puisque je suis tombée enceinte dès ma première ovulation après l'arrêt de la contraception. Ce fut bien trop rapide pour moi. Avec plusieurs de nos amis autour de nous qui galèrent à avoir un enfant, nous nous étions préparés physchologiquement à avoir quelques difficultés nous aussi, on s'était dit 6 mois sans se mettre la pression, on commence maintenant pour que ça tombe après la saison... Bref plein de jolies phrases de faux réconfort qui ne cachent en rien l'envie bien présente d'avoir un petit bébé, le fruit de notre amour qu'on va aimer tellement fort, mais qui permettent de se projeter sur du long terme. Et puis voilà, la nature en a décidé autrement, me voilà enceinte sans problème et bien plus tôt que prévu ! Et puis non contente de m'offrir si vite un bébé, la nature m'en offre un deuxième en même temps. Double bébés, doublement enceinte pour une première grossesse ! Certains pourront me considérer comme chanceuse, pour moi il m'a fallu un certain temps pour digérer et accepter cette situation.

J'ai découvert ma grossesse au retour de notre voyage en Californie, fin février le test était positif et m'indiquait que j'étais déjà enceinte de plus de 3 semaines. Je me rappelle que ce petit "3+" m'avait paniqué ! Comment c'était possible d'être déjà enceinte de si longtemps sans le savoir ?! N'ayant pas mis un pied chez un médecin ou un gynéco depuis au moins cinq années, j'ai eu un premier rdv assez tardif qui correspondait à la première écho au cours de ma onzième semaine.
C'est lors de ce rdv qu'on a appris qu'il y avait deux bébés, à vrai dire le médecin n'a même pas eu le temps de nous le dire que j'avais déjà crié "mais c'est des jumeaux" en voyant les deux boules blanches apparaître à l'écran à peine le capteur posé sur mon ventre. À sa réponse positive, je me rappelle très clairement les vagues de panique qui m'ont envahies, j'ai cru que mon coeur allait exploser. Deux bébés ce n'était définitivement pas au programme, j'avais dix mille interrogations dans ma tête qui passaient à toute allure : comment on allait faire, toute l'organisation de la chambre qu'on avait prévu tombait à l'eau, où est-ce que je les mets ces deux bébés du haut de mon 1m60 et mes 52kilos ? Bref plein de questions futiles qui me paraissaient alors primordiales, jusqu'à ce que le médecin nous fasse un compte-rendu de son lonnnnng (1H d'écho) examen. Je suis enceinte de jumeaux, ils sont chacun dans une poche mais il n'y a qu'un seul placenta, cela me place dans une catégorie de grossesse à haut risque avec un taux élevé de morbidité pour mes bébés. Mon petit médecin de campagne me déclare que c'est un cas qu'il ne peut pas traiter et on m'envoie pour un rdv d'urgence à Marseille. C'était le 31 Mars 2015, j'ai bien cru que le ciel m'était tombé sur la tête ce jour-là. Le mois d'avril fut un mois bien sombre pour moi, avec plusieurs aller-retour à Marseille et des longs examens, on m'y explique le risque du syndrôme transfusé-transfuseur qui pèse au dessus de ma tête et ce jusqu'à la naissance, la nécessité absolue que je tienne jusqu'à 28 semaines de grossesse, date à laquelle ils peuvent prendre le relais avec les couveuses et des soins intensifs... Bref l'angoisse à chaque rdv, je n'ai réussi à tenir le coup mentalement que grâce à mon mari et ma maman qui ont été exceptionnels dans ces moments difficiles.

Depuis fin mars je suis suivie tous les 15 jours à l'Hôpital Nord de Marseille, l'équipe qui m'entoure est vraiment super et je me sens en confiance, cela me rassure de savoir que si il y a un problème ils pourront prendre le relais et feront le nécessaire pour sauver mes bébés. Malgré les deux heures de route A/R que l'on doit faire, je suis bien contente de pouvoir être suivie dans une maternité de stade III.

Je n'ai commencé à relâcher la pression et à vivre pleinement ma grossesse qu'à partir de fin mai, lorsque j'ai appris que c'était deux petites filles. Cela peut paraître futile, mais j'avais tellement envie d'une fille pour notre premier enfant, que savoir qu'il y en avait deux cela m'a mise dans une joie immense. C'était la première bonne nouvelle depuis que j'avais appris ma grossesse et pour la première fois je sortais de chez le médecin avec un sourire aux lèvres et le coeur léger. D'ailleurs, depuis j'ai cessé de me poser toutes sortes de questions angoissantes "et si elles avaient la trisomie 21 (on ne fait pas de dépistage chez les jumeaux, c'est la grande inconnue jusqu'à la naissance) ou tout autre maladie génétique ?" "et si elles avaient une fente palatine?" bref des questions qui ne servent à rien puisqu'on ne peut rien y changer et surtout qui ne nous empêcheront pas de les aimer une fois qu'elles seront là. J'ai donc arrêté d'angoisser inutilement et mon ventre en conséquence a quasiment doublé en un mois, comme si les filles sentaient la différence.

Aujourd'hui je suis dans mon sixième mois, d'après les médecins elles se développent normalement (ouf !) et surtout je les sens bouger tout le temps ! 4 petites mains et 4 petits pieds qui tambourinent, parfois en même temps, parfois non, c'est une expérience extraordinaire que je savoure à chaque instant.

Devenir mère c'est une sacrée étape dans la vie d'une femme, et je crois bien qu'on passe toutes par des moments de galères que ce soit pour la conception, pendant la grossesse ou même (et surtout !) après. Ce n'est pas simple mais on en sort grandit, avec une méga dose d'amour en plus. Aujourd'hui j'ai une douce pensée envers toutes ces femmes qui essayent de devenir mère, qui attendent leur bébé ou qui s'occupent avec amour de leur bout de chou. Ce sont des femmes, des mères, des combattantes qui méritent toute notre admiration.

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